Un certain regard sur le déroulement de la vie humaine
Peut-on concevoir la vie comme un temps linéaire ?
Une telle vision de l’avance en âge signifierait que l’homme naît, grandit et, tout en avançant en âge, régresse pour finir par mourir un jour… Schématiquement, cela voudrait dire que dès sa naissance, l’homme est pris en charge par sa famille jusqu’à l’âge adulte où il peut travailler.
À partir de là, il cotise aux différents organismes de la protection sociale ; il est reconnu comme responsable dans la société en participant à son développement . Sur le plan économique, il est productif et consommateur.
Mais, lorsqu’arrive la retraite, la majorité de ces personnes vont « stagner » quelque temps. Puis, malade, pour finir par entrer dans une institution si la mort ne les emporte pas avant !
Dans sa vision animiste du monde et de ses manifestations, l’Afrique traditionnelle voit dans la vie un courant circulaire qui se renouvelle sans cesse.
Dans ce cercle, l’Homme apparaît comme l’élément essentiel, comme un support à travers lequel les générations se succèdent. On parle de cycle de vie. C’est dans ce cycle de vie que l’individu évolue de sa naissance à sa mort. Et tout en évoluant, il continue à grandir, il « mûrit » et accède aux grandes fonctions dans sa communauté.
Dans cette conception africaine, l’individu n’est pas perçu comme conscience isolée, mais comme un être humain participant à toutes les fonctions du cosmos : physiques, psychiques… et ce, quel que soit son âge. Dans cette vision, plus l’Homme avance en âge et plus il acquiert de l’importance : il gagne en respectabilité dans son groupe domestique et dans la société.
Ce cycle de vie compte sept passages obligatoires pour tous(tes). Ils forment les sept écoles de l’enseignement traditionnel. Ce dernier est permanent et dure toute la vie. Grâce à cette école, l’individu peut accéder aux savoirs communautaires, ensuite à d’autres connaissances, à d’autres savoirs comme la médecine traditionnelle, la relation à l’environnement naturel, l’interprétation des signes divers, l’art divinatoire…
Les transmissions de ces savoirs se font dans le bois sacré grâce aux rites de passage. Chaque passage d’un groupe à l’autre est suivi d’une cérémonie ou rites de passage.
En Afrique traditionnelle, on parle de la vie comme on parle d’un mouvement circulaire qui commence à la naissance, traverse plusieurs étapes… Puis vient la « mort » où commence une nouvelle vie, la vie invisible des Esprits… celle des Ancêtres.
À chaque âge correspond une fonction spécifique.
- L’enfance : période très sensible, est l’âge des apprentissages fondamentaux encadrés par des initiations (la parole, la marche…) essentiellement dans la famille.
- La jeunesse : correspond à l’âge des apprentissages plus sélectifs en fonction de la personnalité de chacun et est le continuum de l’enfance. Période très importante et encadrée également par des initiations.
- L’âge adulte : certains apprentissages sont terminés, d’autres plus importants commencent ; c’est notamment l’âge des responsabilités qui demandent l’intervention de la force physique. Ces adultes se préparent à prendre le relai, et c’est auprès de leur aîné qu’ils se préparent.
- Les vieux : sont des responsables confirmés, ils enseignent aux jeunes et aux adultes, ils ont un rôle politique dans la société.
- Le très grand âge : correspond à l’âge où les très grands vieux sont plus que des enseignants. Ils sont les intermédiaires entre le monde des invisibles et celui des visibles, entre les Ancêtres (les morts) et les vivants. Ils ont un rôle de médiateurs entre le monde des vivants et celui des morts. Ils ont des fonctions qui relèvent de l’ordre du sacré !
Dans cette vision africaine du monde et de la vie, essentiellement liée aux concepts de force vitale, la vieillesse constitue une étape dans la vie humaine à laquelle tout le monde aspire. Et la croyance très forte à une vie seconde après la mort, à la continuité de la vie et aux cultes des Ancêtres, font des personnes âgées des êtres exceptionnels qui forment les liens entre les vivants et les morts.
Les morts sont-ils vraiment morts ?
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